Ping et ses blagues

Tortillant son petit nez retroussé Ping Chen cherchait une plaisanterie à faire. Beaucoup d’humain dormait à cette heure de la nuit. Ils ne savaient pas ce qu’ils rataient. Elle savait que les chances de croiser un humain à cette heure étaient particulièrement maigres. Néanmoins, la petite ne perdait pas espoir de trouver une occupation digne d’intérêt. Un doigt tapotant ses lèvres fines, Ping réfléchissait. Plongée dans ses plans et calculs, elle avançait parmi les couloirs du manoir sans se soucier de la présence d’éventuelle personne. De toute façon, elle passerait au travers sans même qu’ils ne puissent la voir! Elle préférait passer son temps de réflexion invisible et impalpable. Elle n’appréciait guère de ne pouvoir toucher, palper ou effleurer les autres. A ses yeux, cette aptitude était la seule lacune de son état. Elle aurait aimée pouvoir sentir la chaleur d’un corps ou encore la violence d’un coup. Idiot aux yeux de ceux souffrant en se cognant le petit orteil au réveil ou encore câliné au creux des bras d’autrui, mais pour Ping,
s’était tout autre. Cet état de fait ne la troublait que rarement, très rarement et, corrélativement, elle préférait se prouver son existence en multipliant les farces et plaisanteries.

Marmonnant dans sa barbe imaginaire Ping espérait surprendre âme vive ou morte d’ailleurs ! Elle n’était pas difficile ! S’arrêtant soudainement, elle redressa son nez. Elle devait choisir une porte parmi toutes celle alignées devant elle. Passant la tête à travers le mur, Ping, découvrit avec plaisir l’intérieur de la pièce. Un lit, un homme ou une femme… le noir. Dans son esprit la plaisanterie se bâti rapidement.

Fermant les yeux, elle pensa rapidement à la cuisine. Ouvrant les paupières, elle pu apercevoir la pièce désirée. Courant vers les placards, elle les ouvrit tous sans le moindre ménagement à la recherche de l’objet désiré. Un « Yes » s’échappa de ses lèvres alors qu’elle posait ses billes noisettes sur un immense saladier. Une main vînt saisir l’objet en question. D’un point de vu extérieur, la situation pouvait paraitre surnaturelle. Les portes s’animaient toutes seules alors qu’un saladier entamait un voyage dans les airs. Pressée de mettre à exécution son petit plan, Ping courut en direction de la porte. Elle avait gardé cette habitude humaine de passer par les portes alors que son état plus permettait de franchir les murs ou encore de disparaitre et d’apparaitre à un autre endroit. Elle avait en revanche prit l’habitude de les traverser sans le moindre problème. Cependant, le saladier n’était pas d’un avis similaire. Un bruit mat retenti dans la pièce en même temps qu’un flot de protestations. Ping avait évidement cognée contre la porte . Entamant la marche arrière, elle revînt dans la cuisine pour ouvrir la porte impatiente.

Courant comme une hystérique, elle agitait son saladier en signe de victoire dans les airs. Elle parcouru ainsi les lieux attirant certainement quelques regards estomaqués. Surement que les spectateurs de la scène penseront avoir rêvé, se persuadant au réveil, ils avaient fait un drôle de songe. En conséquence, Ping se moquait des troubles qu’elle pouvait causer. Il n’était pas dans ses intentions de passer inaperçu, le contraire serait même préférable. Trop heureuse d’avoir une occupation, elle s’arrêta devant la porte de chambre. Replaçant ses mèches de cheveux, recentrant son énergie, elle récupéra toute la grâce qui lui était propre. Délicatement, elle tourna la poignée de la porte pour entrer dans la pièce sur la pointe des pieds. Il était préférable de ne pas réveiller sa victime.

Retenant de rire à gorge déployée, Ping crispa son visage dans une moue amusée. Sans penser à refermer la porte derrière, elle poursuivit sa route. La destination : la tête du dormeur ou de la dormeuse. Se redressant une fois arrivée à bon port, elle inspira profondément afin de devenir visible. Levant le saladier dans les airs, le plus haut que lui permettait sa petite taille, elle entama de frapper l’ustensile le plus violemment possible.

BANG BANG, le bruit résonna dans la pièce alors qu’elle riait de voir la personne se redresser d’un bond dans son lit cherchant de toute part l’origine du vacarme. Ping, elle exécutait son petit spectacle. Telle une ballerine, elle effectuait divers sauts et figures en tambourinant son précieux instrument improvisé. Elle se laissa même porter par la musique. Le chant avait été toute sa vie. Même dans la mort, il l’accompagnait encore. La voix douce, juste, elle fit profiter à sa victime de sa mélodie. C’était sa chanson préférée. Maintenant démodée, dépassée, cette mélodie ne semblait plus rien évoquer aux yeux des humains. S’amusant de son saladier, elle respirait la joie. Pourtant, l’ustensile lui échappa des mains quand la victime se décida à reprendre le contrôle des évènements. Ping boudeuse lui tira la langue avant de disparaitre à nouveau.

Pourquoi la victime avait réagit de la sorte? Elle n’avait même pas prit la peine d’écouter sa musique jusqu’au bout ! Inculte ! Elle préféra s’éclipser et bouder dans un coin sombre de la forêt. Faire la tête était une réaction enfantine démontrant de la mentalité juvénile de l’esprit farceur. Elle était loin d’être apte à en vouloir longtemps à une personne, particulièrement pour si peu. Dans son endroit isolé, elle espérait. Peut être qu’une nouvelle idée de plaisanterie lui viendrait en tête.