J. Athenaïs Blackhood ▬ Élémentaire de la Terre.

« Tu oublies mon sac et mes chaussures beau brun ! » Beau brun. Cela faisait tellement longtemps que personne ne l'avait appelé de la sorte. En effet, la dernière personne a lui avoir donner ce sobriquet ridicule n'était autre que Cokaeen, lorsqu'ils faisaient encore les quatre cent coups ensemble dans la capitale britannique. C'était le bon vieux temps, si l'on peut dire ça comme ça. Le jeune homme s'était soudainement relâché, comme si une force extérieure venait de le vider de toute son énergie, et manqua de faire retomber à terre son amie, actuellement sur son dos. Il y avait des jours comme ça où toutes ses forces l'abandonnaient, le laissaient tel quel, comme une huitre vidée de sa perle. C'était handicapant. Réellement handicapant, et Lukas ne parvenait pas à en décrypter la source. Lorsqu'il en avait parlé à son père au téléphone, ce dernier lui répondit qu'il n'avait pas le temps pour des imbécilités et qu'au lieu de l'appeler, il ferait mieux d'aller réviser ses cours de psychologie. La psychologie tiens ... Non pas que cela lui fasse une belle jambe mais ce n'était absolument pas ce qui le préoccupait en ce moment. En effet, depuis quelques semaines à présent, bien que faisant acte de présence sur le campus, le beau britannique était comme inactif, malgré le fait d'être entouré de ses amis, d'être l'élève le plus populaire de Yale, de se faire draguer par toutes les plus jolies filles. Il avait besoin d'autres choses pour tout dire, et c'en était justement tout le problème. Comment un charmeur, un coureur de jupons comme Lukas pouvait-il changer du jour au lendemain ? Vouloir se caser avec une fille discrète, adorable, gentille et non pas qui ressemblerait à une vulgaire bimbo. A croire que L. avait besoin de perdre sa popularité, de la léguer à quelqu'un d'autre, de se sentir enfin libéré de ce lourd fardeau qu'était la gloire scolaire. Jamais personne ne comprendrait ce qui lui arriverait, sauf peut-être deux. Lizéa, et Cokaeen. Bien que totalement différentes, ces deux jeunes femmes étaient les personnes les plus proches de Lukas, bien que leurs relations n'étaient absolument pas les mêmes. Cokaeen était l'amie d'enfance, l'ancienne meilleure amie, la petite protégée, et Lizéa, celle avec qui il partageait sa passion pour la musique, celle à qui il pouvait dire tout ce qu'il avait sur le coeur.

Se penchant vers la pelouse pour attraper le sac ainsi que les chaussures de son amie, le jeune homme s'arrêta un instant avant de réaliser qu'il ne savait pas du tout où aller, ce qui eut le don de faire rire la blondinette. « Je ne suis pas trop lourde, j'espère ! Au fait, tu sais au moins où on va ? » Il n'en avait pas la moindre idée, et c'était plutôt embarrassant sur le coup. Déposant Lizéa à terre puis passant une main derrière sa tête en affichant une moue gênée, il attendit qu'elle daigne lui indiquer une quelconque direction. Encore une fois, Lukas vacilla et se rattrapa à l'arbre le plus proche. Essayant de cacher sa grande fatigue pour ne pas inquiéter son interlocutrice, il esquissa un faible sourire tentant de la rassurer. Voyant que cela ne fonctionnait guère, il lui fit signe de s'asseoir à ses côtés, contre le même tronc. Lukas avait en quelque sorte besoin de parler, de relâcher tout ce qu'il avait sur le cœur, même si ce n'était absolument pas aussi aisé qu'il ne le pensait. Habituellement, les traits de caractère que l'on pourrait coller à la personnalité du blondinet sont plutôt ... Évidents. Charmeur, coureur de jupons, moqueur, joueur, beau-parleur, briseur de cœurs, extrêmement populaire et encore, ceux-ci sont faibles. Mais c'était ce qui lassait le jeune homme et petit à petit, ce dernier souhaitait faire un pas en avant et s'écrier qu'il n'était pas comme les gens le voyaient. En réalité, Lukas était plutôt quelqu'un de solitaire, de calme, et de vraiment intelligent. Beaucoup souhaitent le faire passer pour quelqu'un d'idiot et de manipulable, sauf que c'est actuellement le contraire. Lukas se joue de sa réputation, et en excellent manipulateur qu'il est, se sert des lèches-bottes comme de banals servants. Soupirant doucement, puis fixant Lizéa droit dans les yeux, le jeune homme se lança subitement. « Tu sais Liz. Je crois que je ne suis pas comme les gens veulent bien le dire. Je ne suis pas le grand Lukas, ce mec tellement populaire qu'il en fait perpétuellement des envieux ... Ce Lukas que tout le monde admire par son charisme, sa beauté, son franc-parler ... Je crois que je ne suis qu'un mec comme un autre tout compte fait. » Les mots sortaient avec peine, et L. commençait à balbutier. Dire de telles choses n'était pas chose facile pour lui, mais c'était théoriquement le bon moment pour le faire. Il se voyait comme un être comme un autre, pas particulièrement brillant, ni même particulièrement beau, mais banal, voilà tout. Malgré tout, il avait besoin de savoir que quelqu'un pensait le contraire, même si cette personne n'était pas forcément Lizéa.

Secouant doucement la tête, L. écarquilla les yeux lorsqu'il se rendit compte de son erreur. Il n'aurait jamais du parler de tout ça à la blondinette. Mais où avait-il encore la tête pour dire de telles inepties ... Nom de dieu, mais quel crétin. Sentant la panique le gagner, il se releva rapidement et tendit la main à la jeune femme. Il fallait à tout prix qu'il change de sujet, qu'il la ramène sur ce qu'elle souhaitait lui montrer. Après tout, c'était pour cette raison qu'ils s'étaient précédemment relever. Lui tendant la main cette fois-ci, inversant en quelque sorte les rôles, Lukas se sentit mal à l'aise de faire tourner en bourrique cette pauvre Liz' qui n'y était pour rien en fait. Reprenant son souffle, le jeune homme devait bien se justifier de tout ce qu'il venait de dire, mais apparemment, rien ne lui venait encore à l'esprit. Il ne pouvait pas dire qu'il était fragile psychologiquement ou je ne sais quoi, son amie le prendrait pour un détraqué. « J'ai ... J'ai quelques soucis en ce moment. S'il te plait Liz, ne fais pas attention à ce que je viens de te dire. Et par pitié, ne le répètes à personne. Si quelqu'un savait tout ce que je venais de te dire, je peux dire adieu à ma popularité et à ma réputation. »

Ok by Kim.